Le cycle de production d’une vidéo comporte de multiples facettes. Il peut mobiliser une équipe restreinte ou étendue, impliquant alors un véritable travail collaboratif ; il peut aboutir à la création d’une publicité de 30 secondes autant qu’à celle d’un long-métrage ; il peut nécessiter peu de post-production ou, au contraire, intégrer de longues séquences à effets spéciaux ; il peut déboucher sur un fichier léger uploadé en ligne sur une plateforme comme YouTube ou être projeté en haute définition dans des cinémas.
Quels que soient le degré de complexité et la diversité de tels projets, ils impliquent toujours la gestion de grands volumes de fichiers. Depuis le stade des rushes jusqu’au montage final (et au-delà), les équipes de production vidéo doivent pouvoir utiliser, consulter, modifier et archiver ces contenus de façon simple et, bien sûr, pour un budget raisonnable. Par ailleurs, il est primordial de protéger ces vidéos contre toute suppression fortuite ou malveillante. Une priorité qui prévaudra tout au long du projet, rappelant l’importance de sauvegarder les images de manière régulière.
Gérer de gros fichiers, le défis des rushes
La plupart des projets vidéo exigent de filmer beaucoup plus d’images que celles qui seront strictement nécessaires au montage final. Il s’agit ainsi d’éviter d’avoir à tourner des séquences supplémentaires a posteriori, à l’instar des pick-ups qui consistent à retourner des plans pour résoudre des problèmes de continuité ou de qualité identifiés durant la phase de montage. Il s’agit aussi d’offrir au réalisateur et au monteur de nombreuses possibilités créatives lors du montage du projet final.
La gestion des rushes pose de nombreux défis :
- Dès l’instant où ils sont filmés, les rushes doivent être copiés depuis les caméras ou les cartes mémoire et protégés sans délai. Cette sauvegarde rapide est une exigence contractuelle des assureurs qui, en son absence, refuseront de couvrir le tournage.
- Certains projets ont un calendrier si serré que les rushes doivent être transmis à l’équipe de montage très peu de temps après avoir été filmés.
- Les rushes doivent être faciles à consulter : tout projet vidéo commence en effet par un dérushage, qui vise à sélectionner les séquences qui seront intégrées au montage final. Les vidéos doivent être accessibles et la navigation facile. Le monteur doit pouvoir indexer des séquences à l’aide de tags, définir les timecodes in et out, etc.
Le montage : un processus collaboratif
La phase de montage comporte ses propres défis. La plupart du temps, elle implique de multiples transferts de fichiers et modifications entre le premier montage et le montage final.
De nombreux professionnels sont amenés à échanger des fichiers : le réalisateur, l’équipe de montage, le sound designer, l’animateur 3D, etc. Tous ont besoin de pouvoir…
- Uploader des fichiers de manière rapide et sécurisée : les premiers montages sont extrêmement confidentiels et la moindre fuite pourrait compromettre la viabilité du projet.
- Télécharger et/ou regarder les images. Selon la mission à effectuer, cela peut nécessiter soit une version haute définition de la vidéo, soit une version beaucoup plus légère servant uniquement à des fins de visionnage et de validation.
- Garder une trace des modifications grâce à un système de versioning avancé : l’équipe peut à tout moment avoir besoin de rétablir un montage antérieur si elle souhaite revenir sur un changement déjà effectué. La traçabilité doit aussi être garantie à tout instant.
Partager et livrez le montage final de la vidéo
Une fois le montage final approuvé par tous, la vidéo franchit une nouvelle étape et doit être préparée en vue du partage.
Il s’agit d’abord de créer les fichiers adéquats en fonction des exigences de chaque pays et de chaque support : certains demanderont du ProRes, du MXF, XDCAM, DCP, IMF, JPEG2000 ou d’autres formats ; d’autres auront besoin d’un trailer destiné à promouvoir une vidéo plus longue ; le format de l’image peut varier, tout comme la fréquence d’images.
A titre d’exemple, le standard européen est de 24 images par seconde là où il est de 29.97 images par seconde en Amérique du Nord et au Japon. Parfois, des séquences supplémentaires doivent être ajoutées à la vidéo (une mire, un écran noir, etc).
D’autre part, le visionnage d’une vidéo ne passe plus par un seul écran ou une seule méthode. Dans une approche non linéaire, regarder une vidéo devient une véritable expérience interactive grâce à des liens, des informations complémentaires ou du contenu multimédia bonus.
Désormais, on rencontre aussi bien des programmes en direct que de la VOD, du replay, etc. A l’ère du multi-canal, on utilise des écrans de télévision mais aussi des tablettes et des smartphones.
Il arrive aussi parfois que l’on doive effectuer des tests avant de diffuser une vidéo, à l’instar du test PSE (anciennement appelé « Harding test ») qui vise à prévenir les risques de crise d’épilepsie devant un programme télévisé.
Echanger de tels fichiers vidéo est un défi à part entière :
- La confidentialité est plus que jamais capitale. Il n’est donc pas question d’envisager un envoi de clés USB ou de disques durs par courrier classique.
- Les services d’envoi express comme FedEx, UPS ou DHL offrent des garanties supplémentaires en matière de sécurité. Cependant, impossible de se prémunir contre les pertes occasionnelles de colis, les retards de livraison liés à des grèves, des aléas climatiques ou autres impondérables. Par ailleurs, de tels services sont onéreux, sans compter le coût des disques durs eux-mêmes.
- Les fichiers vidéo sont lourds. Chacun peut aisément atteindre des volumes de plusieurs centaines de gigaoctets. Cela signifie qu’ils excèdent de loin les limites des services de partage de fichiers connus (et qui, de toute manière, n’offrent pas un niveau de sécurité suffisant !).
Et après ? L’archivage de gros volume de fichiers
Une fois le projet achevé, que deviennent toutes les images issues du cycle de production ? Les rushes et les montages successifs ? Le montage final et tous les formats différents générés ?
Souvent, la société de production conserve une sauvegarde de ces fichiers pendant une durée limitée. Le client a la possibilité de les récupérer s’il le souhaite et, dans le cas contraire, ils sont supprimés. Mais la société peut également avoir besoin d’archiver les fichiers sur le long terme pour de futures utilisations ou pour des raisons légales. Cet archivage pose deux nouveaux défis :
- Tout d’abord, la résolution des fichiers s’est considérablement améliorée ces dernières années avec l’essor des résolutions HD et 4K, produisant des fichiers de plus en plus lourds.
- Ensuite, on assiste à un effet de cumul : au fil du temps, la quantité de fichiers archivés tend à augmenter. Elle peut atteindre des volumes globaux de plusieurs centaines de téraoctets.
A ce stade, il s’agit donc autant d’organiser les fichiers que de gérer les coûts associés à leur archivage.
En effet, archiver de tels volumes de vidéos représente un budget conséquent. Par ailleurs, ce volume évolue sans cesse : chaque projet apporte son lot de fichiers ; chaque jour, des fichiers sont supprimés, modifiés ou créés de telle sorte qu’il est impossible de prévoir de manière précise les ressources nécessaires à l’archivage.
Il faut également trouver une solution adaptée pour indexer les fichiers. Archiver est déjà un défi en soi, pouvoir aisément retrouver les fichiers archivés en est un autre.
3 technologies pour gérer vos fichiers multimédias
Archiver les fichiers multimédias
Comment gérer des volumes qui peuvent aisément dépasser plusieurs dizaines de téraoctets ? Pour commencer, quand on recherche une solution de stockage adaptée, il est primordial de choisir la bonne unité et de comparer les coûts au téraoctet, bien plus pertinents dans un tel contexte que les coûts au gigaoctet.
Les systèmes d’archivage actif sont particulièrement adaptés à ces usages. Ils permettent d’abord aux clients de récupérer leurs données en toute autonomie, à tout moment et dans un format standard (réversibilité). Ils permettent ensuite d’associer deux types de stockage :
- Un stockage primaire : ce type de stockage rapide, à faible latence, permet d’accéder aux fichiers sans délai. Il s’appuie généralement sur des baies de disques rapides, est onéreux et limité en capacité. En général, un système d’archivage actif comportera entre 10 et 20% de stockage primaire, garantissant un accès immédiat aux données les plus récentes ou les plus utilisées.
- Un stockage secondaire (parfois appelé « stockage froid ») : ce type de stockage offre une grande capacité pour un budget réduit. La latence est légèrement supérieure mais cet inconvénient ne pénalise en rien votre activité dans la mesure où il affecte l’archivage de fichiers utilisés de manière moins fréquente. Le stockage secondaire s’effectue généralement sous forme de librairies de bandes, de baies de disques capacitifs ou, parfois, d’offres Cloud.
Indexer des fichier
Il existe des systèmes de gestion de ressources multimédias (aussi appelés MAM ou « Media Asset Management systems »), conçus spécifiquement à des fins d’archivage. Ils vous permettent d’indexer les contenus à l’aide de plusieurs types de métadonnées (texte, mots clés, tags, etc).
L’interopérabilité constitue ici un critère essentiel : il est important de vérifier que la base de données peut aisément être exportée ou couplée à un autre système. Il est également primordial de s’assurer de la durabilité du format dans le temps.
Partage de fichiers
Les solutions Cloud offrent beaucoup de possibilités pour partager de gros fichiers d’une manière très sécurisée. Elles proposent des fonctionnalités supplémentaires qui vous permettent de prendre des notes, de gérer des workflows de validation tout en garantissant une grande traçabilité.
Lorsqu’il est question de fichiers multimédias, les offres grand public ou les clouds gratuits ne sont pas adaptés car ils ne proposent pas un niveau de sécurité suffisant.
A l’inverse, certaines solutions cloud professionnelles offrent maintenant des options de sécurité puissantes : cryptage, authentification forte, etc.
Photo d’illustration : © Sony France